Pourquoi Bitcoin chute encore

On va être clair : non, ce n’est pas “que” un krach crypto.
Ce qui se passe en ce moment, c’est un mélange explosif de macroéconomie, de marché surlevier et de psychologie collective.

Je te propose un dossier complet, pensé pour t’aider à comprendre – pas à paniquer.

Japon, Fed, Tether, Strategy… la vraie histoire derrière le rouge

Depuis quelques jours, le marché crypto enchaîne :

  • des bougies rouges violentes,

  • des mèche de –4 000 $ sur Bitcoin en quelques heures,

  • des centaines de millions de dollars de liquidations de positions longues,

  • un climat de peur alimenté par la macro, Tether, la DeFi et les institutions.

Maintenant on va voir :

  • pourquoi tout part (vraiment) du Japon,

  • comment le marché crypto fonctionne aujourd’hui comme un château de cartes dopé au levier,

  • le rôle de Strategy/MicroStrategy, des indices et de la Fed,

  • en quoi Tether, les hacks DeFi et les banques centrales ajoutent une couche de stress,

1. Non, ce n’est pas “juste” la crypto qui s’effondre

Première chose à comprendre :
la chute actuelle ne vient pas du monde crypto, mais du monde macro donc de l économie dite “traditionnel”.

On est dans une phase où :

  • les taux d’intérêt remontent,

  • la liquidité mondiale se tend,

  • les grandes banques centrales hésitent entre “on continue de serrer” et “on prépare le pivot”.

Et au milieu de tout ça, il y a un acteur qui a déclenché une onde de choc mondiale : le Japon.

2. Le Japon casse la machine à liquidité : la fin du yen carry trade

Depuis plus de 10 ans, le Japon jouait un rôle discret mais central dans la finance mondiale :

  • taux proches de zéro voire négatifs,

  • obligations japonaises à rendement ridiculement bas,

  • ce qui permettait aux fonds, banques et hedge funds de faire quelque chose de très simple :

    • emprunter en yen à quasi 0 %,

    • convertir en dollars ou en euros,

    • acheter des obligations US, des actions… voire des actifs plus risqués comme la crypto,

    • et encaisser l’écart de taux.

C’est ce qu’on appelle le yen carry trade.

Sauf que là, tout a basculé :

  • les taux japonais à 2 ans repassent au-dessus de 1 %,

  • les maturités plus longues (10, 20 ans) explosent à des niveaux jamais vus depuis des décennies,

  • la Banque du Japon laisse comprendre qu’elle est prête à normaliser sa politique monétaire.

Conséquence directe :
- le carry trade japonais n’est plus “gratuit” ni “sans risque”.

Les opérateurs doivent alors :

  • fermer leurs positions à l’étranger (vendre obligations, actions, ETF…),

  • racheter du yen,

  • rapatrier la liquidité.

Résultat : pression baissière globale sur les actifs risqués – y compris Bitcoin et les cryptos – avec :

  • des mouvements violents sur les marchés traditionnels,

  • et une crypto qui encaisse la claque en premier parce qu’elle tourne 24/7 et qu’elle est blindée de levier.

3. Un marché crypto transformé en château de cartes par le levier

Le deuxième élément clé, c’est la structure actuelle du marché crypto.

Aujourd’hui :

  • une énorme partie des volumes se fait sur les dérivés (futures, perp, options),

  • les traders utilisent un levier massif (x5, x10, x20 et plus),

  • les week-ends et soirées (vendredi soir, dimanche soir) sont des moments de très faible liquidité.

Dans ces conditions :

  • une baisse de –3 % à cause d’un choc macro peut suffire à :

    • déclencher des liquidations en cascade,

    • faire tomber 400 M$, 600 M$ de positions longues,

    • envoyer le prix 3 000 ou 4 000 $ plus bas en quelques heures.

On l’a vu plusieurs fois :

  • choc venu du Japon →

  • vente d’actifs →

  • BTC décroche →

  • les longs surlevier se font liquider →

  • ce qui accentue encore la baisse →

  • les altcoins amplifient le mouvement.

- Sans ce levier, la chute serait nette mais supportable.
- Avec ce levier, le marché se comporte comme un château de cartes : dès que la macro tousse, tout s’effondre plus vite que la raison.

4. Strategy / MicroStrategy : le baromètre qui inquiète

Autre acteur au cœur du narratif : Strategy (ex-MicroStrategy).

Ce qu’il faut comprendre :

  • Strategy détient plusieurs centaines de milliers de BTC,

  • son business model est devenu :

    • lever du capital, émettre de la dette, des actions préférentielles, acheter du Bitcoin, promettre des dividendes élevés, et s’exposer à la hausse de BTC.

Problèmes qui commencent à émerger :

  1. Risque de financement

    • Tant que les marchés sont euphoriques, Strategy peut :

      • lever du capital,

      • rouler sa dette,

      • émettre de nouvelles actions.

    • Mais dans un environnement plus dur, avec des taux hauts, ça devient beaucoup plus compliqué.

  2. Indices & exclusion potentielle

    • Des grands fournisseurs d’indices (MSCI, S&P…) réfléchissent très sérieusement à exclure ce type de boîtes :

      • parce qu’elles ressemblent davantage à des véhicules d’investissement Bitcoin qu’à des “entreprises classiques”,

      • parce qu’elles importent la volatilité crypto dans des indices actions grand public.

    • Si ces exclusions se confirment, cela peut entraîner :

      • des ventes forcées de la part des ETF indiciels,

      • une pression supplémentaire sur le titre,

      • et potentiellement, à terme, des ventes de BTC si Strategy devait se refinancer dans de mauvaises conditions.

  3. Psychologie du marché

    • Les investisseurs se disent :

      “Si Strategy doit vendre une partie de son stock de BTC, ça va faire mal.”

    • Même si ce n’est pas acté, le simple risque suffit à alimenter la méfiance.

- Là encore : ce n’est pas “LA” cause de la chute,
mais c’est un gros nuage noir au-dessus du marché, qui refroidit les institutionnels et renforce le mode “risk-off”.

5. Tether, DeFi, BCE, Chine : la couche de FUD permanente

Au-dessus de ce cocktail macro + levier + Strategy, s’ajoute une couche de FUD plus ou moins légitime :

5.1 Tether (USDT) : machine à cash… et risque systémique

  • Tether génère aujourd’hui plusieurs centaines de millions de dollars de bénéfices par mois grâce à ses réserves en bons du Trésor US.

  • Ils ont des réserves excédentaires importantes, ce qui en fait une des entreprises privées les plus rentables du monde.

  • Mais :

    • leur exposition à Bitcoin + or augmente,

    • ils restent très opaques (attestations, pas de vrai audit complet),

    • certains, comme Arthur Hayes, n’hésitent pas à dire que :

      • une grosse baisse coordonnée de BTC + or pourrait mettre leur equity sous pression,

      • ce qui remettrait en question la solidité d’USDT dans un scénario extrême.

Résultat : même sans crise immédiate, le doute est là.
Et dans un marché fragile, le doute suffit à faire paniquer certains traders.

5.2 DeFi : hacks à répétition, confiance qui s’effrite

  • Hack de Yearn, exploits sur d’autres protocoles…

  • À chaque fois :

    • quelques millions perdus,

    • mais surtout un capital confiance qui s’érode.

  • Certains investisseurs préfèrent sortir de la DeFi et réduire leur exposition globale au risque.

Ce n’est pas ce qui fait tomber Bitcoin – mais c’est un facteur de désengagement progressif.

5.3 Banques centrales & États : divergence assumée

Pendant ce temps :

  • Christine Lagarde (BCE) répète que Bitcoin n’entrera jamais dans les réserves de la banque centrale, qu’il est trop risqué, pas assez sûr, pas assez liquide.

  • La Chine réaffirme sa crypto-ban, insiste que les stablecoins ne sont pas de la monnaie légale, et durcit encore son discours.

  • À l’inverse, certains États américains et initiatives locales commencent à parler de réserve stratégique en Bitcoin.

  • Les ETF Bitcoin deviennent la première source de revenus ETF chez des géants comme BlackRock.

- On a donc un paysage schizophrène :

  • une partie des institutions rejettent totalement Bitcoin,

  • une autre commence à le traiter comme un actif stratégique,

  • et le marché se retrouve pris entre ces deux narratifs.

6. Et maintenant ? ce que je fais en tant qu’investisseur crypto ?

Tout ça, c’est bien beau… mais concrètement, qu’est-ce que ça change ?

6.1 Accepter que le marché est macro-dépendant

On n’est plus en 2017 ou 2020 :
la crypto est devenue un actif macro à part entière.

Ça veut dire :

  • suivre les banques centrales (Fed, BoJ, BCE),

  • regarder les taux,

  • surveiller le Japon, les US, la Chine,

  • comprendre qu’un choc sur les taux peut peser immédiatement sur ton portefeuille.

6.2 Se poser les bonnes questions sur le risque

Quelques questions utiles :

  • Quelle part de mon portefeuille est exposée à BTC (actif le plus robuste) vs altcoins (plus explosifs mais plus fragiles) ?

  • Suis-je surexposé à un seul stablecoin (USDT, USDC…) ?

  • Est-ce que je comprends la provenance de la chute (macro + levier) plutôt que de paniquer sur le bruit du jour ?

  • Est-ce que mon horizon est aligné avec la réalité : corrections violentes, phases de range, cycles de plusieurs années ?

7. Conclusion : ce n’est pas la fin, c’est une leçon

La chute actuelle de Bitcoin et du marché crypto, ce n’est pas :

  • “la fin du Bitcoin”,

  • ni “la preuve que la crypto ne vaut rien”.

C’est un stress-test grandeur nature :

  • du système de liquidité mondial (Japon, carry trade, Fed),

  • de la structure du marché crypto (dérivés, levier, liquidations),

  • de ses acteurs systémiques (Strategy, Tether, DeFi).

Les fondamentaux long terme de Bitcoin ne changent pas en quelques séances rouges.
En revanche, notre manière de gérer le risque, de lire la macro et de construire un portefeuille, oui.

Pour aller plus loin

Sur mon site, je publie régulièrement :

  • des dossiers complets pour décrypter ce genre de situation,

  • des points réguliers sur Bitcoin, les altcoins et les flux institutionnels.

Si tu veux continuer à suivre ce type de décryptage,
viens lire les autres dossiers sur mon site et abonne-toi à ma newsletter crypto :

(Ce contenu est informatif et ne constitue en aucun cas un conseil en investissement. Fais toujours tes propres recherches et adapte tes décisions à ta situation personnelle.)

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